Suite et fin de la balade dans l’extension du périmètre d’Euroméditerranée. Nous traversons la rue de Lyon pour nous rendre à l’ouest du programme, où s’érigent l’essentiel des nouvelles constructions.
Comme pour n’importe quel territoire en chantier, les cheminements indiqués sont sujets à modifications. Si toutefois vous vous retrouvez bloqués n’hésitez pas à chercher un autre itinéraire jusqu’au point de repère suivant, et le cas échéant à discuter avec les ouvriers et conducteurs de travaux, généralement sympathiques, et parfois même diserts !
De Smartseille à Capitaine Gèze
Arrêt 12 : Smartseille 2
Redescendez de la passerelle Gauchet par où vous êtes venus et prenez de l’autre côté de la traverse Bachas tout droit la rue Edgar Quinet et la traverse Etienne Brondino.
En face de vous rue de Lyon se dressera bientôt « Smartseille 2 ». Co-piloté par Engie, à qui appartiennent les 2,9 hectares de cette ancienne usine à gaz, et par Eiffage immobilier, ce programme confié à l’agence CoBe devrait accueillir logements, commerces, bureaux, ainsi que – nous l’espérons – un gymnase.
Arrêt 13 : Smartseille
Prenez la rue de Lyon vers le nord jusqu’au croisement avec la rue André Allar.
De là vous pourrez apercevoir un peu plus loin à droite sur la rue de Lyon le périmètre de l’ancienne concession Ford, sur lequel différents projets sont à l’étude. Vous verrez aussi sur le trottoir de gauche un petit immeuble qui reste stoïque mais qui, à moins qu’on ne le déplace comme le fût la Maison Diamantée, ne survivra probablement pas aux travaux nécessaires au passage du tramway.
Tournez à gauche dans la rue André Allar, puis à gauche rue Mouranchon avant la boulangerie « Made in Marseille », et à droite rue du Devoir.
Vous pourrez alors entrer dans le joli jardin de « Smartseille » et découvrir cet ensemble de bâtiments qui comprend 385 logements, dont une maison des projets solidaires vraiment solidaire Récipro-Cité « Cocoon’Âges », pilotée par ma vaillante amie Samira qui mériterait au moins une médaille du… mérite !
Qualifié « d’îlot démonstrateur », Smartseille est l’endroit où sont testées – avec plus ou moins de déceptions mais aussi de bonheurs – des innovations qui doivent préfigurer celles des autres îlots à venir sur Euromediterranée 2.
En dehors des logements, le programme comprend des bureaux, dont ceux d’Eiffage — une chance pour les habitants qui ont ainsi le SAV à domicile ! — ainsi que des commerces, un hôtel, une crèche privée à but non lucratif et une école publique. Le dernier immeuble, un bâtiment de bureaux dénommé « Smartsea » et dessiné par Roland Carta, devrait être livré en 2022.
Arrêt 14 : le marché au puces et « Les Fabriques »
Ressortez du jardin de Smartseille par la rue Allar et prenez-la sur votre gauche.
Ici vous pouvez commencer à faire le tour du périmètre du programme « Les Fabriques » en cours de construction pour en prendre la mesure. Ces 14 hectares ont été confiés pour 50% à Bouygues Immobilier et pour 50% à Bouygues Construction (Linkcity), et pensés par les urbanistes de Kern + Associés. Le principe est de répartir les constructions en différentes zones pour habiter, travailler, faire ses courses, se divertir… sans pour autant refermer le quartier sur lui-même — d’où l’importance de grandes traversées est-ouest et nord-sud privilégiant une circulation apaisée.
Si Smartseille était un « démonstrateur », le projet des Fabriques se nourrit lui en partie de ces expériences ainsi que de celles d’Euroméditerranée 1 et d’ailleurs.
Côté logements on y trouvera, comme dans les immeubles neufs de Euroméditerranée 1 ou à Smartseille, environ un tiers de logements sociaux, un tiers de logements intermédiaires et un tiers de logements dits « en accession libre » (c’est-à-dire sans plafond de ressources à respecter pour l’acquéreur et sans autres limites de prix de vente pour le promoteur que les prix du marché).
Côté activités, la fabrique et centre de formation ICI Marseille, installée de manière transitoire depuis 2018, prendra définitivement racine dans le périmètre.
On espère aussi y voir rester la Réserve des arts, caverne d’Ali Baba des professionnels de la culture, de la création et de l’artisanat.
Poursuivez sur le chemin de la Madrague Ville et tournez à droite avant l’avenue du Cap Pinède pour pénétrer dans le marché aux puces. Et n’oubliez pas comme toujours de lever le nez en route, parfois cela en vaut la peine.
Le marché aux puces officiel restera la propriété de l’historique André Coudert mais sera rénové, notamment grâce à l’aide de la Banque des Territoires.
Le long de l’avenue du Cap Pinède, un parking silo de 900 places doit également voir le jour à la place de l’ancien Lidl, provisoirement déplacé rue de Lyon. Conçu par Bruther Architectes, il sera surmonté d’un équipement de loisirs, sportif, et culturel, et comprendra en plus du Lidl d’autres commerces et activités en rez-de-chaussée.
Une des innovations importante des Fabriques est que les commerces resteront la propriété de Bouygues immobilier pendant au minimum 10 ans, lui permettant de garder la main sur leur occupation. Bouygues pourra également moduler les loyers selon les besoins, les moyens et la cohérence des projets des candidats au bail afin de compléter la cohésion de l’ensemble. Pour vivre au quotidien l’anarchie de certaines installations de commerces en bas d’immeubles dans Euromediterranée 1 et les dommages qu’ils causent, je ne peux qu’applaudir à cette nouvelle manière de faire.
Un autre parking silo, celui-là de 422 places et conçu par l’agence CCD Architecture, sera construit côté sud, au coin de la rue André Allar et de la future rue qui traversera Les Fabriques sur l’axe nord-sud. Il doit également comporter un mur d’escalade, des locaux d’activités et une centrale photovoltaïque sur le toit.
Parlons à présent des choses qui fâchent quant on construit à Marseille : où sont les équipements, les services et les espaces verts ?
L’école publique (7 classes de maternelle et 10 classes d’élémentaire) est annoncée pour la rentrée 2024 et la conception en a été confiée à l’atelier d’architecture Brenac & Gonzales & Associés.
Une crèche, une médiathèque, un centre socio éducatif et un bureau de proximité sont également programmés.
Ci-contre : le projet retenu pour l’école des Fabriques (© Brenac & Gonzales & Associés)
Après Smarseille, Récipro-cité sera également à nouveau à l’œuvre sur Les Fabriques, en partenariat avec les promoteurs et les bailleurs institutionnels, pour déployer une maison des projets « Chers Voisins ». Le concept de « conciergerie » ayant quant à lui fait long feu, Bouygues réfléchit à de nouveaux modèles, telle une société coopérative où le local serait mis gracieusement à disposition en échange d’un véritable service rendu au quartier, en lieu et place de simples prestations commerciales.
Si le principal espace vert du quartier doit être le parc des Aygalades, les espaces plantés ouverts sont une composante importante des Fabriques. Un jardin d’expérimentation initié avec Euroméditerranée par Ilex, mandataire de l’équipe de maîtrise-d’œuvre des espaces publics du quartier des Fabriques avec Egis, permet en ce moment de tester plusieurs options pour l’aménagement de ces espaces. Différents végétaux mais aussi méthodes d’arrosage, revêtements, réemploi des matériaux y sont implantés et testés afin de déterminer les meilleures solutions à utiliser, sur les Fabriques et ailleurs.
Au chapitre des innovations on remarquera également l’installation d’un réseau de fibre optique privé pour tout le quartier. Ce système devrait permettre à tous les habitants et usagers des Fabriques d’accéder à Internet à bas coût grâce à une box pré-installée.
En matière d’énergie, l’ensemble sera relié à la centrale de géothermie marine d’EDF Massiléo et complété par des installations photovoltaïques dont la production pourra être revendue à ce même EDF.
Last but not least, Bouygues travaille avec la Métropole à l’optimisation de la gestion des déchets. Comme à Smartseille, la collecte devrait se faire à partir de points d’apports enterrés placés en bas d’immeuble. Un dispositif innovant de gestion des encombrants pourrait également voir le jour, avec des locaux spécialement prévus à cet effet que la Métropole pourrait acquérir et gérer. L’idée est séduisante : restera à contraindre les usagers de déposer leurs encombrants dans les locaux en question plutôt que dans la rue.
Arrêt 15 : le cours métropolitain
Ressortez du marché aux puces côté avenue du Cap Pinède et tournez à droite jusqu’au carrefour avec la rue de Lyon.
Si Euroméditerranée 1 avait son boulevard du Littoral, Euroméditerranée 2 aura son « cours métropolitain », pensé par le paysagiste Michel Desvigne.
Le chantier est conduit en partenariat avec la Métropole, responsable de l’aménagement et de l’entretien de la voirie urbaine. L’objectif est d’aménager les 1,6 km de l’axe Capitaine Gèze – Cap Pinède jusqu’à la mer, ou tout du moins jusqu’aux frontières du port, afin de rendre l’avenue agréable et praticable pour les piétons et autres énergumènes ne se déplaçant pas en voiture. La première phase s’est terminée cet été avec la destruction de la passerelle Gèze et l’aménagement d’un carrefour provisoire. Elle se poursuivra jusqu’en 2026, date prévisionnelle de la fin de l’aménagement des Fabriques.
Et ne me demandez pas ce qu’est cet immonde bloc qui bouche la perspective en plein milieu : je cherche moi-même désespérément la réponse…
Ci-contre : l’aménagement final prévu pour le cours métropolitain (© Michel Desvigne)
Je n’ai volontairement pas indiqué les dates prévisionnelles de tous les chantiers car comme vous le savez elles peuvent fluctuer, notamment au gré des dates de libération des différents terrains. Une chose est cependant sûre : contrairement à certains projets fantaisistes, ceux d’Euroméditerranée finissent toujours par se concrétiser dès lors qu’ils sont formellement annoncés.
C’est la fin de cette balade de découverte des premiers programmes de l’extension d’Euroméditerranée. J’espère que vous en sortirez mieux informés sur les projets de ce quartier, et avec peut-être le regard différent que peut amener un déplacement sur le terrain — fût-il encore en chantier.