Les résidences de mixité sociale programmée du Parc Habité

Après vous avoir parlé du quartier d’Arenc, je vous parle aujourd’hui de la question de la “mixité sociale programmée” du Parc Habité.
Le format est celui de la présentation d’une recherche universitaire en urbanisme que j’ai effectuée de 2020 à 2022 :
Les nouvelles résidences de mixité sociale programmée du Parc Habité d’Euroméditerranée à Marseille : une référence pour la fabrique urbaine ?
C’est évidemment une situation un peu particulière que d’être « chercheuse-participante », puisque je vis dans ce Parc Habité depuis 2017 et habite depuis 2020 dans un des immeubles neufs sur lesquels j’ai enquêté et dont je préside également le conseil syndical.

C’est quoi le sujet ?

Tout d’abord, la mixité sociale qu’est-ce que c’est ? Et bien ce n’est même pas un concept, nous dit le chercheur Thomas Kirszbaum, mais une idée : celle de la « ville bonne ».

Le « concept » de mixité sociale n’en n’est pas un : c’est une idée de la « ville bonne ».

Thomas Kirszbaum, 2011

L’idée de mixité sociale programmée se traduit en revanche par quelque chose de très précis puisqu’on décide en amont de la composition sociale des habitants d’un quartier, d’un îlot ou même d’un immeuble. Dans sa forme actuelle qui mélange propriétaires occupants, locataires privés et locataires des bailleurs sociaux et institutionnels, elle est relativement récente (début des années 2000) et peu étudiée.
En revanche le sujet de la mixité sociale programmée, lui, n’est pas nouveau, puisqu’il est déjà largement discuté à propos du peuplement « préconstruit » des grands ensembles.

L’idée de mixité sociale programmée consiste à fixer par avance un objectif en ce  qui concerne la composition sociale du peuplement, à l’échelle de la ville ou bien dans un cadre résidentiel plus restreint.

Dansereau et al., 2022

L’objet de ma recherche est d’étudier pourquoi et comment cette mixité sociale est aujourd’hui programmée dans le cadre d’un grand projet urbain, Euroméditerranée, et quelles en sont les réalités à travers le vécu des habitants interrogés. Avec une enquête de terrain  sur trois immeubles du quartier résidentiel du Parc Habité d’Arenc qui tente d’évaluer les effets produits par cette programmation, à la fois sur les habitants et par rapport aux objectifs de ses trois principaux « artisans », à savoir L’Etablissement Public d’Aménagement EuroMéditerranée (EPAEM) / Les promoteurs / Les bailleurs sociaux et institutionnels. J’essaye enfin d’identifier les possibles atouts mais aussi les possibles inconvénients et limites de cette programmation, et d’en souligner ce qui pourrait éventuellement faire référence pour la fabrique urbaine.

La problématique relève d’un sujet important et d’actualité parce qu’on parle ici de solutions potentielles pour loger un grand nombre de personnes – dont une partie aux revenus modestes – dans des logements corrects et dans des zones bien desservies et à proximité du centre ville.
Chacune des hypothèses que j’ai posées comprend un postulat de départ sur la mixité créée, et une question qui lui fait suite.

Je pars aussi du postulat que tout en acceptant ses limites, la mixité est souhaitable.
Et je considère également  qu’on parle ici de création de mixité et non pas de gentrification (qui supposerait le remplacement d’une population par une autre, ce qui nous le verrons n’est pas le cas).

Pour tenter de répondre à ces hypothèses, j’ai mobilisé des groupes de ressources complémentaires. Le fil conducteur de mon analyse était d’effectuer tout au long de ma recherche des allers-retours entre d’un côté ce que ces programmes mixtes projettent dans les discours et promesses de ceux qui en tirent parti professionnellement, et de l’autre ce qu’ils génèrent concrètement pour les habitants sur le terrain.

Evidemment, j’ai rencontré un certain nombre de difficultés :
> celles de la rareté et du manque de fiabilité d’une partie des données ;
> celle d’obtenir des entretiens, ce qui ne m’a pas permis de produire des résultats statistiquement significatifs du fait d’un échantillon inférieur à 10 répondants par résidence mais aussi du fait d’une sur-représentation des propriétaires (14) et d’une sous-représentation des locataires des bailleurs sociaux (1) et institutionnels (1).

Et bien sûr chacun ne m’a dit que ce qu’il a bien voulu me dire. Cela étant, ma connaissance du terrain combinée aux données et informations obtenues permet de dessiner des tendances et d’ouvrir des perspectives.

Je vous montre ci-dessous comment j’ai articulé cette recherche. Elle se veut volontairement très axée terrain mais elle se nourrit également d’une partie de la multitude d’études et de rapports qui existent déjà sur la mixité sociale résidentielle.
Une première partie revient sur les origines de cette mixité sociale programmée et les quelques trop rares évaluations de ses résultats, une deuxième aborde la place du logement social dans la programmation du Parc Habité, une troisième dresse un premier panorama de la situation et une dernière entre dans le « dur » des résidences.
Avec à la fin des recommandations, comme l’autorise un travail de recherche en urbanisme.

Cette recherche faisant 200 pages, je ne vous en présente que des points essentiels. Vous pouvez si vous le souhaitez poser vos questions en commentaires à la fin de chaque article.

Résumé

Partie 1 Partie 2 Partie 3 Partie 4

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Remerciements

Mes remerciements vont tout d’abord à ma directrice de recherche Brigitte Bertoncello, sans qui ce mémoire n’aurait tout simplement jamais vu le jour. D’accord avec moi sur le fait que mes analyses méritaient un temps de travail supplémentaire, Brigitte a en effet accepté de m’accompagner durant deux ans au lieu des six mois initialement prévus. J’ai donc eu la chance de pouvoir continuer à bénéficier de ses conseils avisés en réponse à mes mille et une questions ainsi que de son expérience et de ses connaissances inestimables, y compris sur l’Opération d’Intérêt National Euroméditerranée. Au-delà de cela, j’ai aussi trouvé en Brigitte une belle personne avec laquelle les échanges se poursuivent sur nombre de sujets qui nous tiennent toutes les deux à cœur.
Je remercie également les voisins qui ont bien voulu m’ouvrir leur porte et répondre à mes questions. Sans ce retour concret et direct du « terrain » je n’aurais pu analyser d’autres expériences que la mienne sur cet habiter du « Parc Habité ».
Merci aussi aux professionnels qui ont bien voulu participer à cette enquête et m’accorder un peu de temps dans leur agenda chargé.
Un merci particulier aux équipes d’Euroméditerranée avec lesquelles j’échange depuis des années de manière constructive sur les atouts et faiblesses du projet tels que je les perçois et les vis et au quotidien.
Chercheurs, auteurs, journalistes… je dois aussi beaucoup à tous ceux dont les travaux ont nourri cette recherche et dont les analyses claires m’ont permis d’appréhender des sujets complexes.
Mes remerciements enfin à mes collègues et amis de La Compagnie des Rêves Urbains, du Bureau des Guides du GR2013/ Hôtel du Nord / Gammares, et à toutes celles et ceux avec lesquels découvrir, faire découvrir et habiter Marseille est une aventure perpétuelle, cafie de rires et de grincements de dents.